Juan Clavier a quitté Montréal pour la Colombie–Britannique il y a trois mois… et n’est jamais revenu. Il a toujours un emploi à Montréal, mais a réalisé que lui n’a pas à y être. « Ma blonde et moi voulions des vacances ; tant qu’à aller dans l’Ouest, me suis–je dit, pourquoi ne pas y rester ? » Depuis, il loue des logements sur Airbnb dans la province tout en demeurant gestionnaire d’une société d’énergie renouvelable. Il a visité Revelstoke et Powell River sur la Sunshine Coast et habité un chalet près du Fairmont Hot Springs. Il fait maintenant du télétravail depuis Tofino, sans envisager de revenir dans les locaux de son employeur dans un proche avenir.
Le nomadisme numérique était l’apanage des travailleurs autonomes et peu d’entreprises le permettaient avant la pandémie de covid–19. Mais aujourd’hui, le choc de réclusion guette les millions de gens qui bossent dans leur salon ou leur sous–sol, et beaucoup ont envie d’évasion.
Brian Chesky, PDG d’Airbnb, estime que voyage et vie quotidienne sont en voie de « s’entremêler », alors que de plus en plus de gens louent des propriétés pour plusieurs semaines, voire plusieurs mois ; l’agrégateur de données de location d’hébergement AllTheRooms indique que la durée moyenne des séjours de vacances a augmenté de 18 % au premier semestre de 2020. Des plateformes pour télétravailleurs en profitent, comme NomadX (qui offre des hébergements au mois aux télétravailleurs basés au Portugal, où les citoyens canadiens et américains peuvent rester jusqu’à 90 jours sans visa). Dave Williams, PDG de l’entreprise, constate que les demandes de réservations ont déjà doublé. « Nous estimons que ce nombre aura décuplé par rapport aux niveaux d’avant la pandémie, avec l’adoption du télétravail dans nombre de sociétés, dont Apple, Facebook, Google et Twitter », précise–t–il.