Luguentz Dort nous parle de ses rituels de retour au bercail à Montréal, de poutine et de sa quête de l’or à Paris

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De Montréal–Nord à la NBA et maintenant aux Jeux olympiques, l’arrière/allier Luguentz Dort nous explique pourquoi il a troqué les crampons pour les baskets et nous fait part de ce qu’il y a sur sa liste de choses à faire en voyage.

Discipline

Basketball

Âge

25

Ville natale

Montréal, QC

Devise

Retourne–toi uniquement pour voir le chemin parcouru.

Luguentz Dort est l’un des rares joueurs de la NBA à pouvoir dire qu’il a réussi à passer de Montréal–Nord à la ligue – et le seul à faire partie d’Équipe Canada. Adolescent, « The Dortress » était l’un des meilleurs espoirs de toutes les écoles secondaires du pays. Aujourd’hui, c’est un joueur clé du Thunder d’Oklahoma City, où il s’est forgé une super réputation et est considéré parmi les meilleurs défenseurs. Assisté de son coéquipier du Thunder, Shai Gilgeous–Alexander, il a aidé le Canada à remporter une médaille de bronze à la Coupe du monde de basketball FIBA l’été passé. Il espère maintenant améliorer ce résultat à Paris, où l’équipe nationale masculine fera sa première apparition aux Jeux olympiques après plus de 20 ans.
 

enRoute Vous avez d’abord été gardien de but au soccer. Quand avez–vous découvert votre passion pour le basketball ?

Luguentz Dort Quand j’ai commencé à jouer au soccer, il y avait un terrain de basketball près du champ où on s’entraînait. Depuis mon filet, je pouvais voir tous mes amis s’amuser en jouant au basket. Alors, j’ai commencé à m’adonner aux deux sports, mais un moment donné , ma mère m’a dit : « Tu dois faire un choix. » J’ai choisi le basket, parce que la plupart de mes amis y jouaient. C’est de là que c’est parti.

ER Sur les médias sociaux, on peut lire dans votre bio : « Montréal–Nord m’a construit ». Qu’est–ce que ce quartier signifie pour vous ?

LD Je suis toujours fier de dire d’où je viens, et je veux être à la hauteur. Montréal–Nord m’a élevé et m’a forgé autant le caractère que ma façon d’aborder les choses. Maintenant que je suis plus vieux, je sais que ce n’est pas un quartier facile. Y grandir m’a préparé à affronter le monde extérieur.

02 juillet 2024
Le soleil couchant brille entre les bâtiments du centre-ville d'Oklahoma
Oklahoma, États–Unis   Photo : Karsten Winegeart

ER Vous avez fait vos débuts dans la NBA avec le Thunder d’Oklahoma City et avez signé un contrat de 5 ans avec l’équipe en 2022. Comment c’est de vivre à Oklahoma ?

LD Ça se passe bien. C’est une petite ville, ce à quoi je ne suis pas habitué, mais je m’y suis fait rapidement. Les fans et l’organisation ont été super avec moi. J’ai grandi et évolué ici, et ils m’ont aidé à devenir le genre de joueur que je suis aujourd’hui. J’ai aussi été initié à la musique country. Je ne connais aucun artiste, mais je sais à quel point les gens sont forts là–dessus.

ER Qu’est–ce qui vous manque le plus à Montréal, quand vous êtes sur la route, avec le Thunder d’Oklahoma City ?

LD Je suis un vrai gars de famille, alors je dirais ma famille, puis mes amis. Aussi, de parler français. C’est tellement différent de ne pas pouvoir parler français au quotidien. Maintenant que je vis aux É.–U. je ne rencontre presque jamais personne qui parle français. Quand les gens se rendent compte que je parle une autre langue, ils sont toujours surpris. Je m’ennuie de la bouffe aussi. Quand je rentre, ça me prend ma poutine.

ER Parlez–nous de votre vol de retour à Montréal après avoir remporté la médaille de bronze – la toute première médaille du Canada à la coupe du monde de basketball FIBA –, lors de la Coupe du monde en 2023. Qu’est–ce que ça a signifié pour vous de représenter le Canada sur la scène internationale ?

LD J’ai porté ma médaille durant tout le vol, et les gens se demandaient : « C’est qui ce grand gars–là avec une médaille ? » Quand les gens d’Air Canada m’ont posé la question, je leur ai dit d’où je revenais. Trop contents pour moi, ils l’ont annoncé dans l’avion et tout le monde m’a applaudi.

C’était vraiment le fun, surtout que j'étais le seul p’tit Montréalais dans l’équipe. Quand vous êtes le seul représentant de la province, c’est énorme. Je suis très fier quand je porte mon chandail d’Équipe Canada et que je peux être partie prenante de l’histoire. J’ai hâte de poursuivre sur ma lancée et de montrer à la prochaine génération qu’elle aussi peut faire partie de tout ça.

ER Avez–vous des rituels de voyage avant une grosse partie ou un tournoi ?

LD Pas vraiment. Pour une raison qui m’échappe, je fais toujours mes bagages à la dernière minute. Peu importe que je parte longtemps ou pas. Habituellement, je vais faire ma valise la veille du départ, ce que je vais peut–être devoir changer.

Un terrain de basket à Montréal
Montréal   Photo : Eddy Lee

ER L’année dernière, le commissaire de la NBA a proposé une éventuelle expansion à Montréal. Que pensez–vous du fait que Montréal devienne une ville de la NBA ?

LD Tout ça a commencé grâce à notre base de supporters. Chaque année, la NBA vient à Montréal pour donner aux fans la chance d’assister à un match, la plupart du temps à guichets fermés. Montréal compte un grand nombre d’amateurs de sports, et il y a tellement de jeunes talents qui émergent de la ville de nos jours. Le sport se développe depuis longtemps. Je sais que les matchs afficheraient complet et que les supporters aimeraient vraiment l’équipe.

ER En 2022, vous avez lancé la Fondation Maizon Dort pour soutenir et développer la réussite scolaire de jeunes dans des communautés défavorisées. Qu’est–ce qui a motivé ce projet ?

LD Quand j’étais jeune, je n’avais pas de modèle à suivre qui aurait réussi dans la NBA et aurait pu ouvrir la voie ou m’aider à examiner les choses sous un autre angle. Maintenant que je peux jouer ce rôle, j’ai l’impression que c’est vraiment la bonne chose à faire. Être en mesure de mettre sur pied des camps ou des programmes et montrer aux jeunes que tout est possible quand on y croit vraiment – voilà pourquoi.

ER Quels conseils donnez–vous aux jeunes à Montréal qui souhaitent être dans la NBA ?

LD Je leur dis de travailler fort, de poursuivre leurs rêves et de ne laisser personne les décourager. Aussi d’être patients. Rien n’arrive immédiatement. Ça va prendre du temps, mais si vous y mettez votre cœur, ça va arriver.

Luguentz Dort passant un ballon de basket sous sa jambe

Le questionnaire

  • Hublot ou allée Hublot. J’aime dormir en vol.

  • Meilleur souvenir de voyage Quand j’avais autour de 8 ans, je suis allé en Haïti avec ma famille, deux, trois semaines. J’ai pu voir où mes parents avaient grandi et rencontrer mes cousins, puis la famille élargie. Comme enfant, l’expérience a été super et le fun. Ce voyage m’a vraiment marqué l’esprit.

  • Truc de voyage J’apporte beaucoup de vêtements. Je ne choisis pas de tenues ; j’empile juste un paquet d’affaires. C’est une fois arrivé à destination que je décide ce que je vais porter.

  • Destination de rêve Je veux aller en Afrique. Je me replonge un peu dans l’histoire et il me semble que le Sénégal serait un bon endroit pour apprendre d’où je viens et tout ça. Ma famille est originaire d’Haïti, mais je ne sais pas d’où elle vient avant ça, mais j’aimerais en savoir plus sur l’histoire africaine en général.

  • Votre liste de lecture préférée en voyage Je suis un grand fan d’afrobeats, alors ça me prend mon Burna Boy. Je suis aussi un grand fan de Drake.

  • Si le voyage avait des sports olympiques, vous seriez un pro de… Je suis un pro pour me rendre à ma porte d’embarquement. Si je suis en retard ou presque, je vais m’y rendre, afin de ne pas manquer mon vol.