En visite chez des amis à Athènes, j’apprends que l’auteur–compositeur–interprète et illustre poète canadien Leonard Cohen a vécu en Grèce. Étant fan, je décide qu’il me faut voir où il résidait. Ne comprenant rien aux horaires de traversier, je me retrouve sur un navire de croisière faisant sa première escale à Hydra, la petite île où Cohen a habité de 1960 à 1967, à 60 km au sud d’Athènes.
Hydra a servi d’incubateur à Cohen avant la célébrité : il y a écrit de la poésie, y a fréquenté Marianne Ihlen, son amoureuse et sa muse, et s’y est produit pour la première fois comme musicien, au kafenío O Katsikas (aujourd’hui le Roloi Café). Les résidents ont beau dire que le tourisme a transformé l’âme de l’île, il y règne toujours une atmosphère intime même si la population atteint désormais 2500 habitants.
La croisière n’allouant qu’une visite de 90 minutes, mon compte à rebours s’enclenche dès la mise à quai. Je détale à la recherche de la maison que Cohen a achetée avec de l’argent hérité de sa grand–mère, ce qui me voit grimper des escaliers poussiéreux, me faufiler entre des rangées de maisons à toit orange et zigzaguer entre les chats qui pullulent dans l’île, le soleil d’été me faisant couler la sueur dans le dos. Comme peu de rues ont des noms sur Hydra, je me fie aux vagues indications glanées sur Internet, du genre : « Prenez à droite à l’épicerie Four Corners sur une hauteur. Il y a un heurtoir ouvragé en forme de main à la porte de la maison de Cohen. »