Où trouver la meilleure bouffe réconfort au Canada

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Entre poutine, tartelettes au beurre et caribou gelé, l’équipe d’enRoute fait part de ses plats locaux et réconfortants favoris (et nous dit où les trouver).   

Tout le monde (ou presque) s’unit autour de la poutine et des queues de castor, mais la bouffe réconfort au Canada, c’est bien plus que de la sauce brune sur des frites et de la pâte sucrée. Chaque province a ses spécialités, qui se préparent à la maison ou demandent un déplacement (mais comment refuser un voyage à Whitehorse pour goûter aux tacos à la langue d’orignal ?). Nous avons demandé aux reporters et collaborateurs d’enRoute d’un peu partout au pays de nous dire quels aliments les réconfortent. 

24 mars 2022
Un bol blanc de chaudrée de poisson sur une table en damier rouge et blanc.
   Photo: Shaw's Landing

Maritimes 

Les marmites des Maritimes regorgent de merveilles bien nourrissantes. Lori Morgan, reporter photo d’enRoute basée à Terre–Neuve, ne jure que par la soupe aux pois avec dough boys, un plat économique qui met à profit les restants du traditionnel jambon du dimanche. (L’os du jambon est cuit pour créer le fond de soupe et tous les restes de viande se mêlent au bouillon. Juste avant le service, des boules de pâte à base de farine sont ajoutées à la soupe bouillonnante, jusqu’à cuisson légère et parfaite.)

Elle se rend aussi régulièrement dans la Nouvelle–Écosse voisine, où les cuisiniers mettent en valeur les délicieux fruits de mer locaux dans des chaudrées crémeuses (celle à l’aiglefin fumé, avec ses saveurs complexes, est parmi ses favorites). Avec des pommes de terre et de la crème, rien n’égaye autant un jour de tempête gris en Atlantique.

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De son côté, l’Île–du–Prince–Édouard endure les tempêtes hivernales grâce à des biscuits pour le thé bien beurrés et dégustés à leur sortie du four avec confiture ou mélasse. Si vous préférez le salé, la râpure, tarte aux pommes de terre de l’Île avec patates râpées, poulet et oignons, est cuite au four jusqu’à ce qu’elle soit croustillante et dorée.

En empruntant le traversier, on découvre le fricot au poulet, un mijoté acadien qui garde les Néo–Brunswickois au chaud. Le plat comprend aussi des boules de pâte, mais l’ingrédient clé est la sarriette. Sinon, ce n’est pas un fricot, disent les Acadiens.

Une assiette de poutine : frites, fromage en grains et sauce. Accompagné d'un hot-dog.
   Photo: Paul Patates

Québec

Les Québécois pourraient remporter haut la main les Olympiques de la bouffe réconfort, ayant parfait cet art, entre tourtière bien épicée et tire d’érable sur la neige. Bien sûr, nous ne pouvons passer sous silence la poutine et ses calories bien réconfortantes. Le reporter Ari Magnusson vante la simplicité de celle servie au diner Paul Patates, à Montréal, qu’il fait passer à l’aide d’une bière d’épinette pour un régal encore plus canadien !

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Magnusson avance que la version est proche de la poutine originale, créée selon plusieurs sources dans la petite municipalité de Warwick, au Québec, où les fermiers laitiers produisent le fromage qui fait skouik–skouik. Selon l’histoire, le restaurateur Fernand Lachance, du resto Le Lutin qui rit, aurait ajouté du fromage en grains à des frites en 1957, à la demande d’un habitué de son établissement. La clientèle trouvant que ça refroidissait trop vite, Lachance a ajouté de la sauce. Le trio salé, sauceux et délicieux est depuis tellement populaire que la poutine a débordé des frontières du Québec. On la trouve partout, des États–Unis à la Corée.

Un assortiment de tartes au beurre sur une planche à découper, avec un rouleau à pâtisserie à côté.
   Photo: Lisah Stringer, Doo Doos Butter Tarts

Ontario

Si vous demandez aux Torontois quel est leur plat réconfort par excellence, ils choisiront probablement le ramen ou le pho. À Ottawa, le shawarma de poulet. Mais partout ailleurs dans la province, un aliment fait l’unanimité : la tartelette au beurre. La douceur onctueuse faite de cassonade, de beurre et de vanille repose dans une croûte feuilletée grosse comme la paume d’une main et se dévore en quelques bouchées. Dur à battre. Des visites articulées autour de ce dessert sont organisées un peu partout en Ontario et des variantes aux ingrédients exotiques (chai, noix de coco, etc.) sont proposées. Et un débat demeure entier : raisins secs ou non ? (Oui, dit ma mère originaire de Sudbury, qui nous les préparait au Royaume–Uni en souvenir gommeux du bon vieux temps).

Une assiette de pérogies sur une nappe à carreaux bleu et blanc.

Prairies

Plusieurs associent l’Alberta au bœuf, mais la rédactrice principale d’enRoute, Dominique Lamberton, de Calgary, insiste : les pierogis sont aussi réconfortants pour les Albertains que le souffle du chinook. Ces dumplings remplis de pomme de terre sont communs dans la province, grâce à l’importante communauté ukrainienne. L’Alberta abrite aussi le plus gros pierogi de la planète : la petite municipalité de Glendon (843 âmes) est dans l’ombre de sa sculpture de 8 mètres d’un pierogi piqué sur une fourchette. Si l’image vous fait saliver, le seul resto du coin, le Perogy Café, devrait satisfaire vos envies.

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À côté, en Saskatchewan, la tarte à l’amélanche vient souvent à la rescousse des habitants pendant le rude hiver. L’amélanche, plus près de la pomme que du bleuet, fige aisément et son goût sucré de noisette et d’amande se marie parfaitement à la pâte à tarte beurrée et à la glace à la vanille. Dominique Lamberton indique par ailleurs que les Manitobains sont fous du doré (c’est le poisson–emblème de la province après tout) et l’aiment frit à la poêle, avec des frites.

Saumon sockeye façonné en burger et mis sur bannock avec aïoli au citron.
   Photo: Kaas Cross

Côte Ouest

En Colombie–Britannique, le saumon rouge est roi. Il est préparé en burger dans une banique avec aïoli au citron par la cheffe Inez Cook de la nation Nuxalk dans le seul resto 100 % autochtone de Vancouver, Salmon n’ Bannock, ou encore tranché en sashimi avec sel à la truffe au Kishimoto. Le photographe de voyage d’aventure Kari Medig le préfère au barbecue. « Quand je rentre à la maison, à Nelson, je l’emballe dans l’aluminium avec un peu de citron et le mets sur le barbecue. C’est si frais que vous n’avez besoin de rien d’autre. »

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   Photo: Woodcutter’s Blanket

Les Territoires

La bouffe réconfort la plus santé au Canada est probablement le tuktu quak (caribou gelé). Lorsque la reporter Tarralik Duffy revient à la maison à Salliq, au Nunavut, une des premières choses qu’elle fait est de fouiller dans le congélateur de sa mère pour du tuktu quak, qu’elle tranche à l’aide d’un ulu (un couteau en forme de croissant) et trempe dans la sauce soya ou le misiraq, une huile de phoque fermentée. Elle dit que ça « nourrit l’âme ».

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Le caribou compose aussi les plats favoris au Yukon. L’actrice et réalisatrice Moira Sauer et sa jeune famille aiment le cœur de caribou cuit sous vide, puis saisi à la perfection afin de créer une petite croûte. Au Yukon, elle associe tout plat réconfort au gibier, entre tacos à la langue d’orignal, ragoût d’orignal ou jerky de bison (à garder en poche durant une longue journée de motoneige ou de ski). Pour un peu de réconfort, ses voisins des Territoires du Nord–Ouest misent sur le renne et l’omble chevalier, en plus des plats de gibier et de baies, de même que sur la banique, un pain sans levain introduit par les fourreurs et adoptés par les peuples autochtones d’un océan à l’autre.